Adopter un nouvel animal de compagnie (NAC) : bonne ou mauvaise idée ? Il est crucial de s’informer sur les responsabilités et les conséquences liées à l’acquisition d’un tel animal.
Qu’en dit la loi ?
Les nouveaux animaux de compagnie (NAC) sont des animaux appartenant à des espèces autres que les animaux domestiques tels que le chien et le chat. Cette appellation recouvre de nombreuses espèces comme le furet, le lapin, certaines espèces d’oiseaux ainsi qu’un grand nombre d’espèces animales exotiques (rongeurs, lézards, serpents, araignées, tortues, amphibiens…).
La détention des nouveaux animaux de compagnie par des particuliers est encadrée par différentes réglementations au niveau international, européen, belge et régional.
- En région wallonne, le Code du bien-être des animaux n’autorise que les espèces de mammifères et de reptiles qui figurent sur la “liste positive”.
- La détention d’espèces exotiques dangereuses comme les serpents ou les scorpions venimeux nécessite un permis d’environnement.
- Pour l’Union européenne, certains animaux ne peuvent être détenus parce qu’ils figurent sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes comme la tortue de Floride (Trachemys scripta) ou le tamia de Sibérie (Tamias sibiricus).
- Entre états, la réglementation CITES (“Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction”) protège certaines espèces en interdisant leur vente et leur détention car leurs populations sauvages sont menacées d’extinction.
Une adoption, des risques et des conséquences…
Le choix d’un NAC peut s’avérer problématique à bien des égards tant pour la santé et la sécurité humaine, que pour celles de l’animal adopté, ou encore la survie des écosystèmes d’origine et local.
Certains NAC sont dangereux pour l’être humain : risque de morsures, de griffures, de piqûres, d’envenimation… et de zoonoses (maladies transmissibles et infestations).
À l’inverse, détenir un NAC en captivité peut grandement porter préjudice à sa santé physique et mentale. La reconstitution d’un milieu naturel, afin de satisfaire les besoins physiologiques et comportementaux, peut s’avérer particulièrement difficile pour les espèces nécessitant de grands espaces, un hivernage, une vie nocturne, de l’eau de mer, une température, une hygrométrie ou une qualité de lumière données. Il en va de même lorsqu’il s’agit de fournir une alimentation adaptée pour les espèces se nourrissant d’insectes variés, de petits mammifères ou de poissons vivants, de fruits ou de plantes bien spécifiques..
Les NAC peuvent parfois être lâchés ou s’évader dans l’environnement pour former des populations vivant partiellement ou totalement à l’état sauvage, c’est ce que l’on appelle la “féralisation”. S’ils représentent un danger pour les écosystèmes et la biodiversité locaux, ils deviennent alors des “espèces exotiques envahissantes” (“EEE”). C’est, par exemple, le cas de la tortue de Floride (Trachemys scripta) dont le développement dans la nature nuit au bien-être des tortues aquatiques indigènes. Elle a été importée massivement en Europe par les animaleries à la fin du XXe siècle et a été relâchée en grand nombre dans la nature par des propriétaires incapables de s’en occuper. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’en rencontrer dans nos cours d’eau en Wallonie !
Enfin, le NAC que vous souhaitez acheter peut faire, ou avoir fait, l’objet d’un véritable trafic d’animaux avec un impact important sur l’écosystème duquel ils ont été prélevés, et sur la sécurité, notamment sanitaire, des populations humaines. “Le trafic d’animaux est le troisième trafic mondial, après celui de la drogue et des armes” (“La Peau de l’ours”, Stéphane Quéré et Sylvain Auffret aux éditions Nouveau Monde). Cette forme de criminalité menace la survie de milliers d’espèces d’animaux et de plantes, accélérant l’effondrement en cours de la biodiversité.
“On estime que le commerce international des espèces sauvages représente des milliards de dollars par an et qu’il porte sur des centaines de millions de spécimens de plantes et d’animaux. (…) L’exploitation et le commerce intensifs de certaines espèces, auxquels s’ajoutent d’autres facteurs tels que la disparition des habitats, peuvent épuiser les populations et même conduire certaines espèces au bord de l’extinction. De nombreuses espèces sauvages faisant l’objet d’un commerce ne sont pas en danger d’extinction mais l’existence d’un accord garantissant un commerce durable est importante pour préserver ces ressources pour l’avenir.”
Un choix responsable
Alors, adopter un NAC, bonne ou mauvaise idée ? Et si vous commenciez par vous poser les bonnes questions ? En voici quelques-unes, pour la plupart tirées de notre article “Adopter un animal : comment s’y préparer ?” :- Posez-vous la question essentielle : “Pourquoi adopter ?” Et ensuite : “Pourquoi tel animal plutôt qu’un autre ?”
- Vivre avec un tel animal est-il compatible avec votre style de vie ? Êtes-vous suffisamment présent·e ? Avez-vous du temps et de l’énergie à lui consacrer ?
- Êtes-vous prêt·es à vous engager à prendre soin de cet animal toute sa vie, sachant que certains animaux exotiques comme les tortues ont une longévité importante ? Comment le ferez-vous garder pendant vos vacances ou vos longues absences ?
- Avez-vous un environnement adapté (sécurité et espace dans l’habitation) ?
- Est-ce vous comprenez les risques potentiels pour votre santé et votre sécurité ainsi que pour ceux de l’animal, entre autres en cas de morsures, de griffures ou de maladies ?
- Avez-vous exploré toutes les options d’adoption responsable, y compris celles proposées dans les refuges et les organisations de sauvetage, avant d’acheter un animal exotique ?
- Pouvez-vous lui assurer un bon accueil de la part de toutes les personnes qui occupent le foyer ? Imposer la présence d’un animal peut être générateur de stress pour toute la maisonnée. En discuter au préalable est non seulement nécessaire pour le bien-être général, mais aussi garant de meilleures chances d’intégration du nouvel arrivant.
- Renseignez-vous sur les besoins de l’espèce, de la race, le passif psychologique et médical, le tempérament et la personnalité de l’animal que vous souhaitez accueillir. Les personnes travaillant au refuge pourront vous accompagner dans cette démarche.
- Faites une estimation des coûts afin de déterminer si vous serez en capacité de subvenir correctement à ses besoins (voir le tableau des coûts de l’article “Adopter un animal : comment s’y préparer ?”).
Enfin, les NAC regroupent un très grand nombre d’animaux, des plus communs en Europe aux plus exotiques. Accueillir un animal de compagnie est une grande responsabilité. L’arrivée d’un nouveau membre de la famille peut bouleverser le quotidien et représenter un lourd tribut environnemental, moral et financier. En être conscient·e permet de poser des choix éclairés et, en cas d’adoption, de se préparer à l’accueillir de manière responsable.
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