Exceptionnellement pluvieux, ces derniers mois ont permis à la population de limaces d’exploser. Un véritable cauchemar pour les amoureux⸱ses du potager : que faire ? Lutter… ou partager ?
Pluie… de limaces !
Le dernier bilan climatologique de l’Institut royal météorologique (IRM) est sans appel, plusieurs records de pluies ont été battu ces derniers mois. Si cette météo n’a pas été favorable pour notre moral, elle l’a été pour la reproduction des gastéropodes dont les populations auraient doublé, voire triplé !
Face à une telle horde de gourmands, certaines cultures peuvent être mises à mal. Des solutions existent comme la lutte biologique et une approche moins conventionnelle en ces temps modernes : apprendre à vivre avec eux.
Lutte biologique
En ce moment, les “astuces de grand-mère” circulent énormément sur les réseaux sociaux et dans la presse quotidienne. Malheureusement, la plupart d’entre elles se révèlent inefficaces : les coquilles d’œufs ou les coquillages relèvent du mythe, le marc de café ou autres barrages de cendres seront rincés à la première pluie et peuvent déséquilibrer la chimie du sol, tandis que les verres de bière “noyeurs de limaces” rameuteront les congénères de tout le voisinage.
Quant aux produits chimiques, ils sont dangereux pour votre santé et celle de toute la biodiversité. Les Centres de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l’État Sauvage (Creaves) tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur l’utilisation des tristement célèbres granulés anti-limaces qui intoxiquent et tuent en nombre les hérissons, les principaux prédateurs des limaces.
De manière préventive, il vous est possible de créer une barrière naturelle autour de votre potager afin de le protéger des éventuels assauts de gastéropodes affamés. Certaines plantes, dites “anti-limaces”, ont le pouvoir de les repousser tels que l’ail, la bourrache, le fenouil, la lavande, la menthe, la moutarde, la tagète, le thym ou encore le souci. Les paillis de lin, de chanvre ou de frondes séchées de fougère aigle, mais aussi les pulvérisations au sol et au pied des plantes d’une décoction de fougères peuvent repousser leur progression
Côté piège, vous pouvez disposer des planches le long du potager : elles constitueront des refuges pour les gastéropodes qui seront, dès lors, plus faciles à récolter.
Rendre son jardin plus accueillant pour la biodiversité permet d’y inviter leurs prédateurs naturels comme le hérisson, le crapaud, certains insectes (le carabe doré et violet), rongeurs (musaraigne) et oiseaux, qui assureront, au long terme, un bon contrôle de ces débordements de populations baveuses. En renfort, vous pouvez accueillir poules ou canards « coureurs indiens » afin de grossir les rangs des auxiliaires du jardin.
Vivre ensemble
Lutter contre ces petits envahisseurs peut devenir une tâche épuisante : et si vous baissiez un peu les bras pour envisager de vivre avec eux ? Si l’idée peut sembler incongrue pour beaucoup de jardinier⸱es, elle semble porter ses fruits en permaculture.
Oui, les limaces ont leur place dans notre écosystème : elles sont d’excellents décomposeurs de matière organique, favorisant ainsi l’assimilation des nutriments dans le sol. Leur mucus a une action bénéfique sur la terre qu’elles aèrent, lient et hydratent. Elles nourrissent nos si précieux vers de terre de leurs déjections. Elles rendent encore de nombreux services comme réguler des maladies pathogènes des plantes en limitant la prolifération de champignons. À l’inverse, si les champignons sont trop peu présents, elles se tournent vers les plants sains du potager.
C’est pourquoi, parfois limiter leur présence au jardin, grâce aux solutions biologiques abordées plus haut, peut s’avérer nécessaire. Cependant, vouloir les éradiquer complètement serait un objectif peu réaliste et totalement contre-productif.
Alors, comment vivre avec les limaces ? Voici quelques pistes de solutions.
- Planter des plantes saines et vigoureuses : des plants vulnérables (carencés ou plantés dans un sol trop froid) attireront les limaces qui auront tendance à se détourner des plus saines.
- Planter des plants plus développés : un plant plus mature attire moins les limaces qu’un jeune qui se fera dévorer en un rien de temps.
- Planter davantage pour récolter moins : partir du principe qu’une part leur sera réservée.
- Planter des plants uniquement destinés aux limaces : les brassicacées comme la moutarde, le colza, ou encore les choux chinois font leur bonheur. Elles seront bien trop attachées à s’en délecter et en oublieront les autres cultures.
- Leur offrir des déchets de cuisine et des matières organiques fraîchement mortes : les nourrir permettra de les distraire de vos cultures à protéger. Ceux-ci peuvent être distribués au pied des plants et un peu partout dans le potager.
- Arroser le matin plutôt que le soir, permet de prévenir les maladies fongiques et de tenir les limaces à l’écart.
Pour aller plus loin, je vous invite à regarder les deux vidéos ci-dessous : “Gestion holistique des limaces”, une conférence de l’ingénieur agronome, Hervé Coves, ainsi que « 8 méthodes… efficaces. Pour en finir avec les problèmes de limaces. » par Rémi Kulik, jardinier et pépiniériste passionné de permaculture, de la chaine YouTube “Le Jardin d’Émerveille”.
« J’aime les limaces … depuis que j’ai compris qu’elles sont indispensables !
Pourquoi est-ce qu’on assassine les limaces ? Il y a un principe dans la vie, quelque chose de très important que vous devez vous rappeler tout le temps. C’est que la vie est belle ! Pourquoi assassiner des limaces ? Si nous sommes obligés d’assassiner des choses pour vivre… C’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas ! »
(Hervé Coves, ingénieur agronome)
En savoir plus |
|